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L’ANGLETERRE
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où tous les styles sont amalgamés, a une histoire bien intéressante qu’il serait trop long de raconter. Bâtis avec un luxe inoui par le célèbre Cardinal Woolsey, favori de Henri VIII, ces murs ont vu ce prince de l’Église au faîte des honneurs, plus riche que Crésus, plus puissant qu’un roi, étalant un faste scandaleux et entretenant une Cour qui éclipsait celle des Souverains de toute l’Europe ; puis disgracié, dépouillé, banni, accusé de haute trahison et atteint heureusement d’une maladie mortelle qui le sauva de l’échafaud !

Alors ce palais devint la propriété de Henri VIII, et ses femmes y ont passé bien des jours de joie et de triomphe. C’est là que leurs têtes orgueilleuses ont reposé sur des coussins de soie en attendant le billot où leur terrible amant ne tardait pas à les faire tomber.

Jeanne Seymour, sa troisième femme, y mourut après un an de mariage en donnant le jour à Edouard VII.

Philippe II et Marie Tudor, que la calomnie a surnommée la Sanglante, y sont venus passer leur lune de miel. Elisabeth y reçut, dit-on, ses chastes amants. Charles II et son épouse, aussi malheureuse que lui, y firent plusieurs séjours ; et, une dernière fois, Charles y vint seul prisonnier !.

Bien d’autres rois ont passé depuis dans cette résidence vraiment princière, et l’on cite un incident remarquable du séjour que Georges I y fit. Dans la grand’salle de réception qui garde tant de souvenirs