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PARIS

sonne ou va bientôt sonner, je ne suis pas fâché de me reposer.

M. de Maistre a dit que Paris est la ville ces jeunes gens. Rien n’est plus vrai, mais il faut ajouter qu’à Paris tout le monde est jeune. On y rencontre bien ça et là quelques cheveux blancs, mais ils sont plantés sur des têtes chaudes.

Paris a cela d’étrange que ceux mêmes qui en disent du mal y séjournent très volontiers. Je suis de ceux-là, et j’avoue que pour en mieux médire, j’y passerais bien quelques mois de plus.

Qu’il soit bien compris, du reste, que tout en médisant de Paris je ne l’estime pas un carcere duro. Pour peu qu’il ne soit pas en révolution — ce qui lui arrive encore quelquefois — il fait la vie douce à ses visiteurs ; et l’on peut s’y arranger à peu près le train de vie que l’on veut, y trouver des plaisirs de toutes sortes, même innocents ! — et une société convenable à tous les esprits.

Je ne méconnais pas non plus les beautés de Paris. Par ses rues et ses boulevards, par ses jardins, par ses boutiques, par ses théâtres, il surpasse toutes les autres villes du monde, et même les plus belles villes de l’antiquité. Mais il faut reconnaître que les grandes villes antiques, Athènes et Rome, possédaient des monuments d’architecture que Paris n’a pu égaler.

La plus belle ville du monde moderne a été bâtie à son heure. Elle est un produit naturel de la civilisation française au XIXe siècle, et un pronostic