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PARIS

nir qu’elles rappellent, il est pénible de les voir mettre à néant. Et, si la pensée s’élance dans l’avenir, peut-on prévoir sans regrets que les nouveaux édifices eux-mêmes feront bientôt place à d’autres, que les larges boulevards deviendront un jour trop étroits et qu’il faudra faire de nouveaux percements, de nouvelles démolitions, ou construire des chemins de fer aériens pour faciliter la circulation des millions d’hommes qui viendront après nous ?

Tout en rêvant ainsi, je poursuivais ma route au travers des décombres.

Aux coins des rues, les affiches des théâtres étaient plus attrayantes et mieux remplies que les jours de semaine, et la soirée ne pouvant suffire aux spectateurs, les principaux théâtres annonçaient des matinées commençant à 2 heures P. M., et finissant à 6 heures. Mon jardinier a trouvé le temps d’aller à l’une de ces matinées ; mais à son retour il a scrupuleusement repris son râteau. Ce matin, à 11 heures, il dormait encore.

Après dîner, hier soir, chez un ami, j’ai exprimé mon étonnement de voir une ville catholique, la capitale d’une nation appelée la fille ainée de l’Église, manquer aussi complètement au précepte de l’observation du dimanche. Quelqu’un m’a répondu :

— Mais Monsieur, il faut bien que les pauvres gens vivent, et comment vivront-ils le dimanche s’il ne travaillent pas ce jour- ?

— Et croyez-vous, lui-ai-je répliqué, qu’il n’y a de pauvres gens qu’à Paris ? Vos publicistes s’exténuent