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PARIS

à prouver qu’il y a plus de pauvres à Londres qu’à Paris. Or, à Londres, pauvres et riches observent le dimanche, et il ont à manger ce jour- comme les autres jours.

— Mais songez, M., qu’il y a ici des veuves, mères de cinq enfants !

— C’est bien joli, mais il y a dans mon pays des veuves, mères de dix enfants, et elles réussissent à vivre sans travailler le dimanche !

— Est-il possible ? Mais, dans tous les cas, pourquoi voulez-vous que l’ouvrier se repose le septième jour s’il n’est pas fatigué ?

— Allons donc, lorsque Dieu se reposa le septième jour croyez-vous qu’il fût fatigué ?

Partant de là, je me mis en devoir de lui expliquer un peu le troisième commandement de Dieu et sa raison d’être. Mais ses objections me firent bientôt comprendre que, sans m’en apercevoir, je lui parlais hébreu ; et comme je n’avais pas le loisir de commencer son éducation je le laissai.

Je veux cependant rendre justice à tout le monde, et je constate avec plaisir qu’un grand nombre de parisiens et de parisiennes observent le dimanche en vrais catholiques. Il y en a qui ferment régulièrement leurs boutiques ; c’est le petit nombre, mais enfin il y en a plusieurs, et moins leur nombre est grand, plus ils ont de mérite.

Un nombre considérable d’hommes et de femmes