Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/223

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plus belle que les autres et plus fréquentée peut-être, c’est la Seine, bordée de quais à perte de vue, traversée par vingt ponts magnifiques, et sillonnée de bateaux-mouches qui montent et descendent sans cesse entre le pont d’Austerlitz et les hauteurs de Passy.

Essayons maintenant de distinguer au milieu de cette Babel qui se déroule sous nos pieds les monuments les plus remarquables.

Au sommet de deux collines, surgissent au-dessus des autres édifices deux œuvres immortelles, le Panthéon et l’Arc-de-triomphe. Ces deux géants de pierre, se dressant presque en face l’un de l’autre aux deux extrémités de Paris, semblent être l’expression de deux Frances, la France guerrière et la France chrétienne, et ils rappellent deux gloires bien différentes : Napoléon et Sainte Geneviève, la guerre et la religion, l’épée et la croix.

Au loin, sur la rive gauche, vous apercevez un dôme doré, de proportions gigantesques et qui flamboie au soleil comme une gigantesque couronne, ou comme un énorme casque de cuirassier ; c’est le dôme des Invalides sous lequel repose l’homme providentiel, qui a tenu l’Europe dans sa main au commencement de ce siècle, et qui aurait pu changer la face de l’Europe, s’il eût été fidèle à sa mission.

En deçà se détache de l’horizon une très belle église, bâtie sur le modèle des cathédrales du XIVe siècle, dont le portail et les tours ont un aspect numental