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PARIS

C’était au IXe siècle, et ce ne fut qu’au XVIIIe que le roi de France, Louis XV, ordonna d’élever sur les ruines de l’ancienne église Sainte-Geneviève, un temple dont les formes seraient empruntées à Saint-Pierre du Vatican et au Panthéon romain. Ces modèles sont malheureusement, ou heureusement, deux chefs-d’œuvre inimitables, et l’architecte français ne put atteindre ni l’harmonie du Panthéon romain ni la grandeur et la majesté de Saint-Pierre. Soufflot n’était ni un Bramante, ni un Michel Ange ; il n’avait ni la grâce du premier, ni la hardiesse et la grandeur du second. Cependant il ne manquait pas de génie, et il avait un tel amour de l’art que lorsqu’il s’aperçut que le dôme, déjà trop bas, s’affaissait et faisait fléchir les assises sous son poids énorme, il fut accablé d’une affliction qui abrégea ses jours.

Le style du Panthéon est gréco-romain, et malgré ses défauts c’est un superbe monument. Lorsqu’après avoir parcouru les boulevards, ou la Rue de Rivoli, à l’ombre de ces grands édifices dont la symétrie et la monotonie fatiguent et ennuient, l’on traverse le quartier latin, c’est une agréable surprise de se trouver tout à coup en face du Panthéon. L’esprit s’élève et l’œil se repose en contemplant le péristyle, avec ses 22 grandes colonnes corinthiennes, couronné d’un fronton dont les sculptures, œuvre de David (d’Angers), représentent la Patrie, entre la Liberté et l’Histoire, distribuant des palmes aux grands hommes qui les entourent ; sous le péristyle, deux groupes de statues de Maindron, qui nous montrent Sainte Geneviève en présence