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PARIS

d’Attila, et Saint Rémy baptisant Clovis ; au centre de l’édifice, et posé sur sa tête comme une couronne colossale, le dôme avec ses trois coupoles superposées.

Le grand désavantage du Panthéon c’est d’être trop neuf encore. Lorsque plusieurs siècles auront noirci ses pierres, et gravé leurs légendes sur ses murailles, il sera plus beau sans doute.

L’homme s’enlaidit en vieillissant ; mais le monument éprouve un sort différent, et plus heureux. Si le front du Panthéon montrait des rides, si ses flancs avaient des déchirures où croîtrait la mousse, si le lierre enguirlandait ses colonnes, s’il avait à nous raconter de vieilles histoires, oh ! comme il serait bien plus intéressant !

Mais aujourd’hui il ne renferme rien, et n’a presque rien à nous dire. Il a été destiné par la Révolution il recevoir des grands hommes, et les grands hommes ont fait défaut. La France l’a bâti juste au moment qu’elle n’en produisait plus !

Il nous montre bien les tombeaux de Voltaire et de Rousseau ; mais ces tombeaux eux-mêmes sont vides. Ce n’est pas moi qui le regretterai, parce que je n’ai aucune vénération pour ces deux corrupteurs du peuple français. Que sont devenus leurs os ? On n’en sait rien ; mais s’ils ont été enlevés et emportés dans l’autre monde, il ne faut pas en accuser les bons anges.

C’est peut-être ce que signifie l’inscription qui couronne le mausolée du patriarche de Ferney : « Aux mânes de Voltaire. » On ne pouvait pas écrire ; « Ci-