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PARIS

L’œuvre de l’Art, il nous semble, c’est l’inverse de l’opération divine dans l’étonnant mystère de l’Incarnation. Ce n’est plus un Dieu qui descend du ciel en terre et qui se cache dans un corps mortel : c’est un homme qui s’élève de la terre au ciel, qui s’absorbe dans la contemplation de la perfection infinie, et qui s’efforce de revêtir son œuvre d’une forme divine et immortelle !

Si nous sortons du Louvre par le pavillon Sully, ou par le pavillon Denon, nous avons devant nous un vaste espace comprenant la place Napoléon, la place du Carrousel et la Cour des Tuileries. Jetons un coup d’œil aux jardins de la place Napoléon, admirons en passant l’arc-de-triomphe du Carrousel, qui, comme celui de l’Étoile, glorifie l’épopée napoléonienne, et visitons le palais des Tuileries.

J’ai dit que ses commencements datent de Catherine de Médicis, mais il fut bien longtemps un édifice irrégulier et sans art. Agrandi sous Henri IV, et régularisé sous Louis XIV, il fut habité par Louis XV, pendant sa minorité, et par Louis XVI pendant les trois années qui précédèrent sa captivité.

C’est alors que ce palais est devenu le théâtre de drames populaires, qui se sont souvent renouvelés depuis.

C’est le 20 juin 1792 qu’il fut envahi pour la première fois par les hordes révolutionnaires, commandées par Santerre et Saint-Huruge. Entré par le guichet du Carrousel, le cortège vint frapper à cette porte de la Cour royale, et ceux qui étaient chargés de la défendre n’eurent pas l’énergie de le faire.