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PARIS

Témoin de la faiblesse du commandant général, un jeune officier d’artillerie, alors inconnu, et qui s’appelait Napoléon Bonaparte s’écria : « Comment a-t-on laissé entrer cette canaille ? Il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore. »

L’émeute grossit, et la foule se rua dans les escaliers du palais. Le roi dut se montrer à elle dans la salle de l’œil-de-bœuf, au milieu des vociférations et des violences. Quelques furieux tentèrent de se frayer un chemin jusqu’au roi pour l’assassiner, mais les grenadiers qui l’entouraient les repoussèrent.

Ces bandes affolées brisèrent les meubles, enfoncèrent les portes, multiplièrent les insultes, les outrages, les menaces, et cette scène ignoble dura plus de deux heures.

Dans le même temps, d’autres bandes pénétraient dans les appartements de la reine, l’injuriaient, la menaçaient et la forçaient à coiffer son fils d’un bonnet rouge.

Hélas ! ce n’était là qu’un commencement.

Le 10 août suivant l’insurrection éclata formidable, et le roi fut trop faible pour la réprimer. Au lieu de défendre ce palais contre les bandits de Santerre et de Westermann, il en sortit, et il se remit entre les mains de l’Assemblée Nationale, qui devait sitôt prononcer sa déchéance.

Les Suisses firent un commencement de défense du palais, et peut-être auraient-ils repoussé l’émeute ;