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PARIS

Comme ailleurs, les nobles y passèrent les premiers, entre autres, le maréchal de Noailles et sa femme, le vicomte de Beauharnais et sa femme Joséphine, plus tard impératrice. Mais bientôt les bourreaux suivirent : Hébert, Danton, Camille Desmoulins, Lacroix, Hérault Séchelles, Philippeaux, Fabre d’Églantine, et plusieurs autres y furent enfermés, en attendant l’heure de la guillotine.

Mais quel contraste présentait le Luxembourg quelques années après ! Dans ces appartements qui avaient entendu tant de plaintes et de sanglots, retentissaient les rires joyeux, les lazzis, et la musique des bals du Directoire. Sur ces parquets où des marquises et des comtesses avaient été entassées, en attendant la mort, tourbillonnaient les Aspasies de Barras, vêtues comme les déesses de l’antique Olympe.

Bonaparte survint, et fit écrire sur la façade du Luxembourg : Palais du Consulat. Mais il ne l’habita pas, et le vieux palais garda son vieux nom, en dépit de son enseigne.

Sous Louis xviii, et plus tard sous Louis-Philippe, la chambre des Pairs y siégea : et elle fut remplacée par le Sénat sous Napoléon iii.

Aujourd’hui, le Luxembourg est un musée, qui serait intéressant pour qui n’aurait pas visité le Louvre, et qui contient surtout les tableaux des peintres français encore vivants.

Mais si le Palais lui-même a l’aspect mélancolique et solitaire des vieillards qui survivent à tous leurs