Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/272

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rangée, mais des sermons pleins de véhémence et d’action. Et comme l’affectueuse Colette l’interrompait un jour pour le prier de parler moins fort de crainte qu’il ne s’enrhumât : « Non, non, s’écria le terrible enfant, il se commet trop de péchés, je parlerai ! »

Ni le P. Félix, ni le P. Monsabré n’ont reçu du ciel, au même degré que le Père Lacordaire, ce don naturel de l’éloquence ; mais tous deux ont plus de culture que lui.

C’est à la Madeleine que j’ai pu entendre le Père Félix. La grande et belle église suffisait à peine à contenir la société choisie qui s’y était donné rendez-vous, et qui avait à sa tête la Maréchale de MacMahon. La réunion avait pour objet de venir en aide à je ne sais plus quelle œuvre de charité, et la Maréchale Présidente y fit elle-même une quête.

L’illustre jésuite monta en chaire et prit pour texte ces paroles de Jésus-Christ : « Tu dixisti, ego sum filius Dei. » C’est dire qu’il parla de la Divinité de Jésus-Christ. Naturellement, l’orateur ne pouvait aborder qu’un seul aspect d’un sujet si vaste, et il se borna à démontrer que nier la divinité de Jésus-Christ, c’est faire de lui un insensé ou un scélérat !

Il est indéniable, en effet, que Jésus-Christ, pendant sa vie mortelle, a souvent affirmé, dans les circonstances les plus solennelles, qu’il était le Fils de Dieu. C’est en cette qualité qu’il a posé devant le monde comme révélateur, comme thaumaturge, et comme réformateur. C’est en cette qualité qu’il a promulgué