Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/273

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un enseignement nouveau qui est devenu la loi de l’humanité toute entière. C’est en cette qualité qu’il a apporté la guerre parmi les hommes et révolutionné l’univers, qu’il a armé les frères contre les frères, les enfants contre les pères, et qu’il a livré à la mort des milliers et des milliers de martyrs.

Eh bien, s’il n’était pas Dieu que faut-il penser de lui ? — Ou il croyait l’être, et alors il faut l’assimiler à ces infortunés que l’on rencontre dans les asiles d’aliénés, et qui se croient empereurs ou rois ! Ou bien il savait qu’il ne l’était pas, et dans ce cas c’est un imposteur qui a trompé l’humanité, et qui doit porter la responsabilité de millions de crimes !

Et cependant les négateurs de la Divinité, Strauss, Renan, Havet et les autres s’inclinent avec respect et admiration devant Jésus. Ils le proclament le plus grand des prophètes, le sage entre les sages, le bienfaiteur de l’humanité, et ils lui élèveraient volontiers une statue avec cette inscription : « Au plus grand des génies ! »

Insensés, la contradiction et l’hypocrisie sont trop manifestes. Si Jésus n’a pas droit à un temple, il ne mérite pas une statue, et le gibet n’était pas assez pour punir sa témérité !

Mais non, une telle hypothèse, un tel blasphème nous jettent dans un labyrinthe d’impossibilités, de contradictions et de ténèbres, dont il est impossible de sortir sans se prosterner devant Jésus pour lui répéter cette parole de Pierre :

Oui, vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant,