Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/283

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essentiellement progressive qui depuis son apparition dans le monde a pris d’immenses développements, et se perfectionne sans cesse. Ainsi, disait M. C…, il est de science certaine en histoire — c’était la formule qu’il employait toujours pour affirmer les plus flagrants mensonges historiques — il est de science certaine que le Dieu auquel croyait Jésus n’est pas le Dieu auquel nous croyons, à cause de toutes les modifications que dix-huit siècles de progrès ont fait subir à cette croyance.

Ici M. C… s’anima, et je vis des auditeurs nombreux et même des femmes applaudir avec enthousiasme. De dégoût, je pris mon chapeau et je sortis, de sorte que je n’ai pas entendu la conclusion finale de cette savante conférence.

Le lendemain, un de mes amis, professeur à L’Université catholique m’apprit que M. C. était un prêtre apostat. Le pauvre malheureux est mort depuis, laissant une femme et des enfants, hélas ! je dis simplement une femme parce que je ne puis pas appeler veuve celle qui ne pouvait pas être épouse.

C’était la première fois que j’allais au cercle des conférences du boulevard des Capucines, mais j’y retournai la semaine suivante pour entendre M. Francisque Sarcey, rédacteur du XIXe siècle. Cet illustre y donnait une conférence sur la Légende des siècles de Victor Hugo. Le nom du conférencier, sa réputation — car il en a vraiment — et le sujet qu’il allait aborder m’attiraient puissamment ; je connaissais peu M. Sarcey, mais je vous avouerai que malgré