Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/297

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un instrument trop froid et trop lent ; pendant qu’elle marchait, son feu s’éteignait.

Au reste, Raymond Brucker était un foudre d’éloquence, qui terrassait, qui pulvérisait, qui brûlait ; mais la foudre ne bâtit pas un édifice, comme l’a dit quelqu’un. Or, faire un livre — un livre et non pas un volume — c’est construire un édifice.

Il est temps de citer quelques-unes de ses paroles qu’on a beaucoup admirées.

C’était le soir, dans la vieille église de Saint-Laurent, l’une des plus anciennes de Paris, près de l’arrondissement de Belleville aujourd’hui représenté par M. Gambetta. Une foule nombreuse d’ouvriers avait envahi la nef, la plupart par curiosité et non par dévotion.

Un grand nombre s’y tenaient debout, le chapeau sur la tête, et n’avaient pas voulu s’agenouiller. Ils avaient entendu parler de Raymond Brucker comme d’un calotin qui avait bonne langue, et qui ne marchandait pas la vérité, et ils venaient s’en assurer eux-mêmes.

Plusieurs orateurs, entre autres M. Léon Gautier, s’y trouvaient aussi. Mais quand ils aperçurent toutes ces figures menaçantes auxquelles la lueur des candélabres donnait un aspect terrible, ils pensèrent qu’il n’y avait probablement rien à faire. Raymond Brucker ne se laissa pas décourager.

Après avoir promené sur cet étrange auditoire ce regard que Paul Feval à décrit comme lançant des