Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/307

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est mal, et la récompense ou le châtiment qu’il trouvera dans l’autre vie, suivant qu’il aura fait le bien ou le mal, souffert patiemment ou non. Et il ajoute : « Comme le philosophe, nous lui dirons aussi, mais, cette fois, sans dureté, que la grande loi de ce monde c’est la résignation ; et s’il s’étonne, oh ! nous avons, pour nous faire comprendre, un suprême, un admirable argument que vous ignorez, philosophes, que vous ne trouverez jamais, même en pâlissant sur les livres ! Nous viendrons attacher un crucifix au mur de cette pauvre demeure ! Et quand l’ouvrier, fatigué de son labeur, rentrera le soir au logis, ses yeux rencontreront l’image sacrée. Il verra cet homme attaché sur la croix le regarder d’un air de compassion ; il apercevra sur sa tête une couronne d’épines ; et il verra couler sur son visage un sang, pareil à celui qui a pu s’échapper quelquefois de ses mains meurtries par le travail ; il verra autour de ses reins un lambeau plus misérable que les haillons qui le couvrent lui-même, et alors il se tournera vers nous et il nous demandera : Mais qui donc est cet homme ? — C’est ton Dieu, ton Dieu qui a souffert pour toi, qui est mort pour toi, ton Dieu qui t’a racheté de l’esclavage et qui t’attend là-haut, pour te donner un bonheur éternel, si tu veux, sur la terre, souffrir un peu pour l’amour de lui. »

Ce ne fut pas seulement des applaudissements, mais des acclamations répétées que cette éloquence si franchement catholique souleva.

Une autre séance populaire eut lieu le soir, et M. de Mun reprit la parole ; mais les révolutionnaires y