Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organisèrent du tumulte pour couvrir sa voix. Malgré tout, l’apôtre des cercles d’ouvriers réussit à se faire entendre, et le grand orateur eut des accents comme ceux-ci :

« Quand vous m’aurez montré, parmi ceux qui disent qu’ils vous aiment, un homme qui soit monté au Calvaire pour vous racheter, pour vous faire un peuple libre, j’examinerai. Mais, tant que vous ne m’aurez pas montré un pareil exemple, laissez-moi croire à mon Dieu, au Dieu de la France, qui l’a faite chrétienne, et dont j’attends le salut de ma patrie.

« Jetez ces paroles aux quatre vents du ciel ! Oubliez mon nom, mais n’oubliez pas une œuvre qui se présente au nom d’un Dieu qui enseigne l’amour, la science de se donner à vous, et qui est mort pour vous, pour conquérir vos âmes, et vous sauver de la souffrance dans laquelle vous êtes. »

Le succès fut tel qu’il a fallu depuis ouvrir un nouveau cercle au Hâvre — le premier ne suffisant pas.

Je me suis laissé entraîner à écouter l’orateur, et je n’ai pas assez parlé de son œuvre. Fort heureusement elle est aujourd’hui bien connue dans notre pays. Humble d’abord, elle a pris depuis les plus vastes développements, et elle constitue une force avec laquelle la Révolution devra compter. Aussi a-t-elle déjà mérité un commencement de persécution.

Les Cercles Catholiques d’ouvriers sont une œuvre