Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/335

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Eh bien ! vous vous trompez. Je vous ai dit que sous le régime conjugal du théâtre contemporain c’est toujours le mari qui a tort. Écoutez ce que Julien ajoute à la touchante expression de son malheur :

« Eh bien quoi ?

Est-elle là dedans moins à plaindre que moi ?
N’a-t-elle pas perdu le repos qu’elle m’ôte ?
Elle ne m’aime plus ! Mais ce n’est pas sa faute…
C’est peut-être la mienne !

Voilà la thèse dans son expression stupide et invraisemblable !

Ainsi, voilà une femme qui à force d’écouter la nature immortelle s’éprend de passion pour un drôle, trompe son mari, et se prépare à déserter le toit conjugal et une adorable petite fille pour courir les aventures, et c’est au mari qu’on fait dire :

Mais ce n’est pas sa faute !

Est-il assez débonnaire ce mari de vaudeville ? Mais ce n’est pas tout — Que pensez-vous qu’il va faire à ce Stéphane qui trahit son ami et travaille à lui enlever sa femme ?

Vous ne le devineriez jamais si je ne vous le disais. Il le comble de bontés afin qu’il comprenne ses torts de lui-même, et qu’il renonce par sentiment d’honneur à son coupable dessein — Et comme ce remède ne produit pas encore l’effet désiré, il en adopte un autre.

Saisissant une occasion qui lui est offerte, il cause avec Gabrielle et Stéphane des déboires, des regrets