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XVI

UN MOT DE POLITIQUE.



UN théâtre que je n’ai pas manqué de fréquenter, c’est celui de l’ancienne Cour à Versailles. Certes, il était bien digne d’intérêt par l’importance des drames qu’on y jouait et par la qualité des acteurs, puisque c’était la Chambre des Députés qui y tenait ses séances.

Le Président, les greffiers et l’orateur, à la tribune, occupaient la scène. Les fauteuils des musiciens étaient remplis par les ministres, et les députés encombraient le parterre. Les balcons et les loges étaient ouverts au public.

J’ai passé plusieurs semaines à Londres sans aller voir le Derby, et plusieurs mois à Paris sans assister aux courses de Longchamp ; mais les courses d’hommes m’intéressaient beaucoup plus que celles des chevaux, et j’ai passé bien des heures à la Chambre des Députés, à Versailles. J’y ai vu des pur-sang, comme on en voit au Derby, mais qui s’ennuient de l’être, et qui voudraient bien boire un peu le sang impur du pouvoir et des honneurs ! C’est à quoi ils songent quand ils chantent :

Qu’un sang impur inonde nos sillons !