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spectacle d’un peuple ayant foi en lui-même, digne et uni. Souvenez-vous que vos bannières se réfléchiront dans la Seine ; que le Rhin entendra l’écho de votre musique ; et que, portées à travers l’Atlantique, vos voix retentiront, de Derrynane en Californie, par toutes les grandes villes de l’Occident. Ce centenaire sera le festival de la race irlandaise, et des millions de bouches répéteront sur toute la surface du globe le nom d’O’Connell qui est l’honneur et l’amour de l’Irlande. »

On se rappelle encore le tapage qui s’est fait à l’occasion du programme de la fête, et particulièrement du banquet, parce qu’en tête des santés, M. McSwiney proposa celle du Pape.[1]

En laissant l’Hôtel-de-Ville, nous tournons à gauche et nous allons visiter le château. Au-dessus de l’arcade qui surmonte la porte, est placée une statue de la justice. Pat, qui a beaucoup de malice et autant d’esprit, trouve que le Castle qui a été le refuge de la tyrannie est un singulier endroit pour y placer Dame Justice ; mais il remarque, 1o qu’elle n’a pas de balance, et 2o. qu’elle tourne le dos à la Nation !

C’est vraiment ici le siège de l’autorité britannique, le chef-lieu de sa puissance en Irlande, et les irlandais qui le visitent frémissent encore de colère lorsqu’ils voient ces pointes de fer qui dominent les

  1. Lorsque je visitai Dublin, je ne connaissais pas M. McSwiney. Mais quelques mois après, j’ai eu l’honneur de faire sa connaissance à Paris, et nous dînâmes ensemble chez M. Louis Veuillot. C’est un homme remarquable.