Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/47

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s’est souvenu de tout ce qu’il avait aimé et défendu en ce monde. « Mon corps à l’Irlande, mon cœur à Rome et mon âme au ciel, », ont été ses dernières paroles, et elles sont bien le digne couronnement de sa vie. Dieu, l’Église, la Patrie avaient été les trois amours, qui l’avaient possédé pendant sa vie, et qui devaient le posséder après la mort !

Oh ! sans doute, grand patriote, ton âme est au ciel, et elle prie pour cette pauvre Irlande et cette Rome affligée que tu as tant aimées et défendues.

Sur la tombe d’O’Connell ses concitoyens ont élevé une tour qui a cent cinquante pieds de hauteur, et qui domine la ville. C’est la pierre tumulaire qui convient à ce géant.

En traversant le cimetière Glassnevin, un autre tombeau plus modeste attire aussi l’attention du visiteur, à cause de ce grand nom gravé sur le frontispice : Curran. C’est un autre grand orateur, contemporain d’O’Connell et son ami, qui a bien combattu pour l’émancipation de sa Patrie !

Si j’en avais le temps, je vous montrerais un peu Phœnix Park, ses bosquets, ses charmilles, ses étangs, ses parterres, son jardin zoologique. — Mais à quoi bon ?

Saluons seulement en passant devant Vice regal Lodge, le Lord-Lieutenant actuel de l’Irlande Lord Abercorn. C’est un des vice-rois que l’Irlande a le plus estimé, et qui avait su se concilier la sympathie générale.[1]

  1. Il a été depuis remplacé par le Duc de Malborough.