Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/65

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La longue ascension est finie, et, nous commençons à descendre le versant opposé des montagnes, par une pente tortueuse qui va nous conduire au lac Katrine. L’horizon qui s’ouvre devant nous est immense et d’un pittoresque indescriptible. C’est une nature profondément bouleversée, déployant à perte de vue, sommets après sommets, gorges, ravins et précipices. Mais partout la même bruyère revêt les cimes lointaines de son écharpe colorée.

S’il faisait nuit, nous ferions sans doute la rencontre des sorcières de Macbeth chevauchant sur leurs manches à balai à travers ces bruyères. Car c’est bien ici leur patrie. Macbeth, devenu roi d’Écosse, après avoir assassiné son souverain, venait les consulter sur ces montagnes. Mais on a sans doute tracé le chemin loin de la caverne où elles faisaient bouillir leur marmite.

Pendant que je songe à lady Macbeth, qui n’a pas fait honneur au beau sexe écossais, notre course se précipite, la pente devient plus rapide, et le lac Katrine étend sous nos yeux son beau miroir d’azur, encadré de montagnes.

Ce lac est plus petit que celui de Lomond, et le bateau-à-vapeur qui la traverse est aussi un diminutif dans la même proportion.

Mais il n’est pas encore à son quai, ni même en vue.

La course faite et l’air vivifiant des montagnes ont creusé les estomacs. Un bon hôtel et une bonne