Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus élégante sans l’alourdir. Elle m’intéresse tout particulièrement ; car c’est le Life Association of Scotland Office, et c’est à cette Compagnie que ma vie est assurée.

— Si vous y entriez, me dit M. Hébert, un de mes compagnons de voyage, vous y apprendriez sans doute combien d’années vous avez encore à vivre ?

— Ce n’est pas ainsi que j’entends la chose. Une vie assurée ne doit pas finir, je suppose. Ces bureaux sont pour moi l’Académie : en y entrant je suis devenu immortel.

— Oui, sauf les accidents, et la force majeure, comme la fin du monde, par exemple. Badinage à part, dites-moi donc si l’assurance sur la vie est vraiment un contrat avantageux.

M. Hébert qui porte mieux ses soixante-trois ans que je n’en porterai cinquante, M. Hébert qui ne connaît les maladies du corps que pour les avoir soignées chez les autres, et celles de l’âme que pour en avoir beaucoup guéries, qui s’en va de Québec en Palestine, comme les Parisiens vont de Paris à Fontainebleau, que ni la mer, ni le vent, ni la lune ne troublent, dont le cœur renferme un trésor de bonhomie et de gaîté, M. Hébert s’explique difficilement ce contrat tout aléatoire. Il est clair qu’il n’a pas été inventé pour lui.

Il est prêtre, et conséquemment ne laissera pas d’héritiers. Pourvu qu’il vive convenablement, qu’il thésaurise en bonnes œuvres et non pas en dollars,