Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/74

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vait être Jacques VI. C’est un appartement très étroit, avec une seule fenêtre, dont le plafond, peint avec goût, est bien conservé. Sur les murs pendent un portrait de Marie alors qu’elle était reine de France, et celui de son fils, et dans un coin se tient un vieux fauteuil de chêne qui servit à la malheureuse reine à l’époque de la naissance de son fils.

En mettant la tête à la fenêtre nous avons devant nous un immense horizon, et sous nos pieds un escarpement perpendiculaire d’environ deux cent cinquante pieds. C’est par là, disent quelques historiens que huit jours après la naissance de Jacques VI, sa mère le fit descendre dans un panier pendant la nuit, et le fit transporter au château de Stirling, où il put être baptisé. C’était sans doute pour le soustraire au pouvoir de Darnley, son mari, et des nobles écossais qui auraient voulu le sauver des erreurs du Papisme ! Pauvre mère ! Quelle n’eût pas été sa douleur, si lisant alors dans l’avenir elle avait connu que ce fils, l’objet de tant d’amour et de tant d’espérances, apostasierait un jour pour réunir sur sa tête les couronnes d’Angleterre et d’Écosse !

Quel affreux avenir allait s’ouvrir devant elle ! Treize mois à peine allaient s’écouler, et ce petit enfant serait tiré de son berceau, et couronné roi d’Écosse, pendant qu’elle serait renfermée au fond d’un cachot ! Ce petit être pour lequel elle eut donné sa vie, allait bientôt détrôner sa mère, et plus tard il renierait la foi pendant qu’elle en serait le martyr !

Mais l’apostasie du roi, couronnement de celle de la nation, mettrait fin à la nationalité écossaise ab-