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de plus à la haine d’Élizabeth, et à l’ambition des nobles écossais qui l’entouraient. Élizabeth voyait de plus en elle une prétendante au trône d’Angleterre, et la vérité est que ce trône appartenait de droit à Marie Stuart.

Je m’imagine voir arriver dans ce palais d’Holyrood cette reine de France qui, n’ayant encore que dix huit ans, était doublement orpheline et veuve, et qui avait le droit de porter trois couronnes. Catholique, elle y venait régner sur des sujets dont la grande majorité venait d’apostasier et d’embrasser le calvinisme. Née écossaise, mais élevée en France, elle allait avoir autour d’elle pour la conseiller, ou plutôt pour l’égarer et la perdre, un frère naturel, Jacques Stuart, qui aurait voulu gouverner à sa guise, et une foule de grands seigneurs les uns protestants et les autres catholiques, tous ambitieux, corrompus, traîtres !

Les prétendants à sa main ne manquèrent pas, et après deux ans de veuvage elle épousa Henri Darnley. Bien des raisons étaient alléguées en faveur du mariage, mais cet homme était indigne d’elle, et les misères conjugales furent nombreuses dans ces appartements que nous visitons.

Suivant l’expression de M. Wiesener, le mariage était raisonnable et politique ; mais il péchait par un point essentiel, c’est que le mari n’était ni raisonable ni politique. Il était égoïste, ingrat, présomptueux et incapable. Il aspirait au pouvoir suprême et ne comprenait pas qu’il put être le mari de la