Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/85

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poussant la reine à ce troisième mariage, c’était son déshonneur, la déchéance complète de son autorité, et la ruine de Bothwell lui-même.

Ce but infâme fut bientôt atteint. Bothwell fut de nouveau accusé du meurtre de Darnley ; et on insinua que Marie Stuart avait été sa complice, après avoir entretenu avec lui des relations adultères.

Malheureusement, l’horrible mariage était là pour donner de la vraisemblance à ces rumeurs qui deviendraient plus tard des accusations publiques.

Bothwell, abandonné et menacé de mort, s’enfuit au Danemark ; et après des duperies et des trahisons sans nom, après une rébellion de la populace et une bataille malheureuse, Marie signa une abdication en faveur de son fils âgé d’un an. Puis, comme devait faire plus tard Napoléon I, elle eut la fatale inspiration de se livrer à l’Angleterre, et d’aller se mettre sous la protection de cette Élisabeth qui avait ourdi et déroulé sous voile toute cette trame odieuse et criminelle dont la reine d’Écosse avait été victime.

L’arrogante et cruelle Élisabeth lui donna la prison pour logement, et après l’y avoir abreuvée d’ignominies pendant dix-huit ans elle lui fit trancher la tête !

Telle fut l’existence tourmentée et souverainement malheureuse de cette noble fille des Stuarts, que le ciel avait si bien douée, et qui pouvait faire le bonheur et la gloire de sa nation, mais qui eut le malheur de vivre à une époque d’apostasie, d’impiété, de corruption et de honte. Le trône fut pour elle