Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’étaient écoulés, que Bothwell, l’assassin de Darnley, enlevait sa veuve infortunée, la tenait prisonnière dans un château, et à la suite de violences inouies et honteuses lui arrachait un consentement au mariage qu’il convoitait.

Pour expliquer ce mariage horrible, hâtons-nous de dire que Marie Stuart ne croyait pas que Bothwell eût été l’assassin de son mari ; que Bothwell en avait été accusé, avait subi son procès devant la Chambre des Lords et avait été acquitté ; que ces Lords avaient non seulement absous Bothwell mais recommandé à la reine de l’épouser, qu’elle avait énergiquement repoussé toutes les propositions de ce nouveau prétendant ; qu’il avait fallu l’enlèvement, le viol peut-être, les menaces de mort et les mauvais traitements pour lui arracher son consentement, et que le jour de ses noces fut pour elle, au dire de témoins non suspects, un jour de désespoir et de larmes.

Pauvre femme ! Elle était mère et reine ! Elle voulait conserver le trône à son fils, et empêcher son pays de glisser dans l’anarchie. Peut-être pensait-elle que Bothwell qui jusqu’alors avait toujours vaillamment défendu son autorité et exercé une redoutable influence, que Bothwell qui venait d’obtenir des Lords l’engagement de le soutenir et de le défendres, saurait sauvegarder le lambeau d’autorité royale qui lui restait encore.

Dernière illusion ! les lords étaient d’hypocrites ambitieux, et j’ose dire qu’aucun pays, à aucune époque de son histoire, n’a peut-être produit à la fois une pareille collection de scélérats ! Ce qu’ils voulaient en