Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/100

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Si nos compatriotes qui ont émigré aux États-Unis depuis quinze ans avaient pris la route du Manitoba, ils seraient aujourd’hui dans cette province une puissance avec laquelle il faudrait compter, et qui serait peut-être maîtresse de l’avenir. On n’y verrait certainement pas se produire cette espèce de persécution qui menace aujourd’hui l’élément français.

Nous avons eu tort au point de vue national, et nous avons eu tort au point de vue des avantages matériels. Grâce à notre apathie, et à notre courte vue, les autres origines ont déjà accaparé ce qu’il y a de meilleur et de plus avantageux ici. Suivant notre habitude, nous arriverons trop tard, et il nous faudra bien des années pour acquérir ici la position que nous devrions y occuper, et que nous aurions pu facilement prendre.

Cependant ce qui est difficile n’est pas perdu, et je crois que nous devrions, sans plus tarder, nous mettre tous à l’œuvre. Sans doute il faudrait agir avec discrétion, intelligence et mesure, mais il faudrait agir.

C’est à la classe dirigeante qu’il appartient de créer ce mouvement. Évêques, prêtres, hommes politiques, et tous ceux qui exercent quelqu’influence sur l’opinion devraient se concerter sur les moyens à prendre pour diriger vers le Manitoba (sans négliger les intérêts de la province de Québec) un courant d’émigrants appartenant à notre race.

Un tel mouvement opéré dans toutes les conditions