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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/107

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Ce serait la voie la plus courte pour se rendre à Prince-Albert ; mais au-delà du Grand Lac la terre est peu favorable à la culture, dit-on ; et l’on a calculé qu’il serait plus avantageux de décrire un grand arc à l’ouest pour atteindre la Saskatchewan du Sud, la traverser, et courir ensuite vers Prince-Albert entre les deux rivières Saskatchewan.

La prairie n’est guère plus accidentée à mesure que nous avançons vers le Nord, et les spectacles qu’elle offre à nos regards sont toujours les mêmes.

En étudiant la carte du pays, j’aperçois un carré rose, indiquant une réserve sauvage, et qui se nomme Pasquaw Band. J’interroge Mgr Taché — qui voyage avec nous depuis Winnipeg — et il me raconte l’histoire suivante.

Pasquaw est le nom d’un chef sauvage qui vivait ici il y a quelques années. Le R. P. Hugonard avait entretenu avec lui des relations plus ou moins fréquentes, et le vieux chef, qui était resté païen, lui avait dit : si tu apprends jamais que je suis malade viens me voir.

Un jour, le vieux Pasquaw se sentit mourir, et il fit avertir le zélé missionnaire qui se hâta d’accourir.

Mais il trouva auprès du malade ses trois femmes, et quelques-uns de ses guerriers, qui se montrèrent fort irrités de voir arriver le prêtre. Les femmes surtout ne voulaient pas lui permettre d’approcher du malade, et lui répétaient sur tous les tons « va-t’en », avec des