Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/109

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le baptême, il éloigna les femmes et dit au missionnaire de faire ce que Pasquaw demandait.

Le prêtre adressa alors la parole au vieillard. Il lui rappela les principales vérités de notre religion, et les merveilleux effets du sacrement qu’il allait recevoir. Tout en l’exhortant ainsi, le missionnaire réchauffait dans ses mains une fiole qu’il avait apportée, et dans laquelle l’eau s’était congelée.

À mesure que la glace fondait, l’âme de Pasquaw s’attendrissait. Son vieux cœur, que les glaces de l’âge et les affres de la mort avaient envahi, s’embrasait à l’approche du vrai Dieu ; et quand l’eau sainte du baptême arrosa son front, de douces larmes coulèrent de ses yeux.

Quand la cérémonie fut terminée le P. Hugonard voulut se retirer. Mais alors les femmes s’y opposèrent. — « Puisqu’il est maintenant à ton Dieu, lui dirent-elles, reste avec lui jusqu’à la fin pour lui ouvrir la porte de l’autre monde et le présenter au Grand Maître de la Vie. »

Le missionnaire se rendit à leur demande, et quand le malade paraissait le désirer il lui parlait de son Dieu. Le lendemain, le vieux Pasquaw, après avoir bien des fois baisé le crucifix rendit son âme au Créateur.

Son corps repose dans le cimetière de Qu’Appelle ; et celle de ses femmes qui avait fait le plus d’opposition à son baptême va souvent visiter sa tombe. Elle s’y