Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/11

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Mais, arrivés auprès de l’endroit où se trouve aujourd’hui Gleichen, les travailleurs allaient entrer sur la réserve des sauvages établis à Blackfoot Crossing (gué sur la rivière de l’Arc), et qui avaient pour chef le célèbre Pied-de-Corbeau (Crowfoot).

Naturellement, ces sauvages n’étaient pas du tout disposés à souffrir qu’on s’emparât d’une lisière de leur réserve. Tout préparés à la résistance, ils pouvaient mettre sur pieds quinze cents guerriers bien armés, et massacrer les travailleurs du Pacifique.

Mis au courant de qui se passait, le P. Lacombe monta à cheval, et courut avertir les travailleurs du danger qui les menaçait. En même temps, il leur demanda quelque délai pour apaiser les sauvages, et les disposer à quelqu’arrangement. Mais les travailleurs répondirent que cela ne les regardait pas, et quelques-uns dirent : “ Let your dirty Indians go to the devil ! ”

Un massacre paraissait inévitable, et il n’y avait pas une heure à perdre pour le prévenir. Le P. Lacombe adressa dépêches sur dépêches aux autorités du Pacifique, et, quand il eut obtenu les réponses qu’il désirait, voici ce qu’il fit.

Il acheta 200 livres de sucre, autant de tabac, du thé, et plusieurs sacs de farine ; et, de retour à la mission, il convoqua tous ses Indiens à un Grand Conseil.

Quand ils furent réunis, il donna toutes ces provisions