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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/127

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Le spectacle de la civilisation, de ses agrandissements, de toutes ses merveilles, ne les console aucunement, et quand ils rêvent des jours meilleurs ils n’entrevoient un avenir prospère que sous cette forme : la renaissance des buffles.

Pour eux le paradis terrestre c’est la Prairie, mais la Prairie sauvage et peuplée de bisons. Et le ciel même qu’ils se figurent dans leurs espérances d’outre-tombe ; c’est encore la Prairie, sillonnée par d’immenses troupeaux de l’incomparable quadrupède.

Et pourtant, ce sont bien eux-mêmes qui, séduits par l’appât du gain, ont détruit ces nobles bêtes avec une imprévoyance inexcusable.

Sans doute, il en périssait beaucoup chaque année par des causes naturelles. Ainsi, le Rév. P. Lacombe, de qui je tiens tous ces détails, attribue la mort d’un grand nombre de buffles aux feux de prairies pendant l’été, et aux noyades pendant l’hiver.

À l’approche des flammes qui couraient dans la prairie et la dévoraient, le buffle était saisi de terreur et ne fuyait pas. Il les regardait venir l’œil hagard, et se laissait brûler sans bouger.

Souvent, il n’en mourait pas immédiatement ; mais tantôt il y perdait sa fourrure, ce qui lui occasionnait des maladies auxquelles il succombait ; tantôt, il y perdait la vue, et, une fois aveugle, il ne pouvait plus