Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/128

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se guider vers les lacs et les rivières, et, il mourait de soif.

Pendant l’hiver, de nombreux troupeaux s’aventuraient parfois sur les lacs glacés pour y étancher leur soif, et ils en coupaient la glace avec la corne dure et tranchante de leurs sabots. Mais tout-à-coup la glace, ainsi coupée en plusieurs endroits à la fois, s’effondrait, et les malheureuses bêtes étaient englouties.

Mais ces causes naturelles de destruction ont toujours existé, et ; elles n’ont pas empêché le buffle de se perpétuer pendant des siècles. Il a fallu le génie destructeur de l’homme pour opérer ces effroyables tueries que nous allons maintenant décrire, et que les Blancs ont encouragées par le trafic des pelleteries.

On inventa divers moyens de s’emparer d’un grand nombre de têtes à la fois, soit en les attirant au bord d’un abîme où les pauvres bêtes étaient précipitées, soit en les rassemblant dans une espèce d’enceinte nommée Parc où on les massacrait sans pitié.

On choisissait d’abord une rivière profondément encaissée dans la plaine, et un endroit où la prairie aboutissait à une falaise escarpée, formant un véritable précipice, une fosse profonde coupée à pic.

Au bord de cette falaise on construisait deux haies dont les lignes s’éloignaient obliquement de manière à former une espèce de V dont la pointe était ouverte sur l’abîme \ /. J’ai dit des haies, mais le plus souvent