Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/131

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morts, préparant les peaux pour le trafic, faisant sécher la meilleure partie des chairs pour en faire du pemmican, et abandonnant le reste aux loups et aux vautours.

Mais dans la saison d’hiver ce mode de chasse n’était guère praticable. La neige s’entassait dans les cavées creusées par les rivières ; et en cessant d’être des précipices elles ne pouvaient plus servir de lieux d’exécutions pour les bisons.

Alors on choisissait, dans le voisinage d’un bois, une colline ayant deux versants opposés. Sur l’un de ces versants on construisait une enceinte circulaire, mesurant environ cent cinquante pieds de diamètre, et dont la clôture, haute et solide, formée de pieux et de branches entrelacés, avait cinq à six pieds d’épaisseur. Cette espèce de cirque n’avait qu’une porte au sommet de la colline, à laquelle venait aboutir une spacieuse avenue, formée sur le versant opposé par deux haies comme celles que nous avons décrites, et qui divergeaient graduellement en descendant la colline.

J’ai raconté par quelle ruse les bisons étaient amenés par troupeaux dans cette large avenue bordée de clôtures ou d’épouvantails, et comment ils se groupaient et se resserraient à mesure qu’ils avançaient vers la pointe de l’angle où s’ouvrait la porte de l’amphithéâtre.

Jusque là, la crête de la colline dérobait à leurs regards l’enceinte traîtresse qui allait les emprisonner ;