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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/139

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points. Ainsi par exemple, le fusil de chacun est évalué à cinq cents points, le coutelas et sa gaîne à cent points, le collier et la ceinture à cinquante points chacun, et ainsi de suite pour tous les objets qui leur appartiennent, sans excepter les vêtements.

Ces préliminaires posés, ils tirent au sort pour savoir qui jouera le premier, et celui que le sort désigne prend deux petites pierres dans ses mains, et entonne un de ces chants bizarres, insaisissables, monotones, et sans paroles, qu’aucun artiste ne saurait noter.

Tout en chantant, il fait des passes, croise les mains derrière son dos, les ramène en avant, les élève, les abaisse, et les tenant bien fermées sous le regard de l’autre joueur, il lui fait deviner dans quelles mains sont les deux pierres.

S’il devine juste il a gagné dix, vingt, trente points ou plus, suivant la convention. S’il se trompe, il a perdu.

Le compte des points perdus ou gagnés se tient en arrachant les petits bâtons plantés dans le sol qui sert d’échiquier, et en les replantant dans le terrain du gagnant.

Alors, l’autre joueur prend les pierres, fait les mêmes passes, fredonne le même air « he ! hi ! ho ! hu ! hou ! » et fait deviner son adversaire.

C’est ainsi que nos deux guerriers s’amusèrent pendant près de deux heures, avec des alternatives de joie et de