Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/148

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Ainsi qu’au Désert, l’homme se sent dans la Prairie comme écrasé par la majesté de l’Infini. Il n’y a plus là ni foules humaines, ni murailles de villes qui lui cachent Dieu. Sa souveraineté redoutable l’enveloppe, et il mesure avec terreur toute l’étendue de la divine puissance.

Si, par malheur, il ne connaît pas le vrai Dieu, il se tourne instinctivement vers le ciel, et surtout vers cet astre d’où lui viennent la chaleur et la lumière dont il a besoin, et il lui offre ses hommages comme à une divinité. Aussi les sauvages qui habitent les Prairies ont-ils le culte du soleil.

Croient-ils vraiment que cet astre est Dieu lui-même ? Le regardent-ils seulement comme une image, ou un symbole de la divinité, ou bien encore comme la tente lumineuse que Dieu habite ?

C’est un problème qu’il n’est guère facile d’élucider ; car leurs croyances sont très vagues et obscurcies par de nombreuses superstitions. Mais il est sûr qu’ils croient à un être surnaturel, qu’ils appellent Grand Esprit ou Grand Maître de la Vie, et qui aurait son habitation dans les hauteurs des cieux.

Qui sait s’ils n’auraient pas raison de croire que le Créateur des mondes, qui est essentiellement lumière, vie et fécondité, a placé sa résidence dans le soleil ? Le Prophète-Roi n’a-t-il pas dit en parlant de Jéhovah : « in sole posuit tabernaculum suum ? »