Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/191

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Des jeunes gens de la tribu étaient allés en guerre sur le territoire Américain. En revenant de leur expédition ils avaient trouvé dans un camp de sauvages des États-Unis, un grand nombre de cadavres étendus dans la prairie. Ignorant de quelle maladie ces hommes étaient morts, ils les avaient dépouillés de leurs vêtements et ils s’en étaient affublés.

Quelques jours après plusieurs d’entre eux furent atteints de cette horrible maladie dont ils ignoraient l’existence, et que les survivants apportèrent à leur tribu.

C’était en juin 1870, et la contagion fît de rapides progrès dans la vallée de la Saskatchewan. Deux mille cinq cents sauvages en moururent. C’était une désolation que le prophète Jérémie seul pourrait décrire et qui font songer à ses lamentations célèbres : Desolatione desolataest terra, etc., etc. Les missionnaires, captifs de leur dévouement, connurent alors toutes les angoisses du martyre.

Comment échappèrent-ils à la mort ? Cela nous semble miraculeux ; car ils vivaient constamment au milieu des mourants et des cadavres en pourriture. Il leur fallait non seulement soigner et administrer les malades, mais transporter les morts enveloppés dans de simples couvertes, et creuser eux-mêmes des trous dans la terre pour les y enfouir.

Pendant la nuit surtout le spectacle du camp, où la