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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/198

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Voici maintenant un autre fait que je tiens de la bouche même de Mgr Taché.

Un jour, dans une mission lointaine, un Indien se présenta devant lui, et après les salutations d’usage, il lui montra sa main gauche qui n’avait pas de pouce.

— Que signifie cela ? lui demanda l’évêque.

— « L’année dernière, répondit le sauvage, un jour que je faisais la chasse, mon fusil a éclaté et m’a emporté le pouce. Le sang coulait horriblement, et malgré tous mes efforts et tous les moyens employés je ne pouvais pas l’étancher. J’eus la certitude que j’allais mourir. Alors je regardai en haut, et je dis : Toi qui as fait la Terre, Grand-Père de tout ce qui est vivant, si tu peux vraiment conserver la vie aux êtres que tu as créés, et si tu me vois, tout petit que je suis, arrête mon sang de couler, et quand je rencontrerai un homme de la prière je tâcherai de te connaître.

« Le sang s’arrêta instantanément. Je remis ma mitaine, revins à la loge, et fus bientôt guéri.

« Aujourd’hui, en apprenant ton arrivée j’ai voulu remplir ma promesse. Je viens te voir, toi l’envoyé du Grand-Esprit, afin que tu m’apprennes ce que tu connais de lui. »

On imaginera facilement quel accueil lui fit le vénérable missionnaire, et avec quel empressement il l’instruisit et le baptisa.