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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/208

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Le missionnaire se releva, fit quelques pas dans la direction de son compagnon, et lui cria de venir et d’emporter une couverte.

Quand Alexis comprit qu’il n’avait pas affaire à un revenant il retrouva tout son dévouement et son courage. La femme fut étendue dans la couverte avec son enfant, et transportée auprès du feu, qu’Alexis eut le soin d’attiser de son mieux.

Il fit de nouveau chauffer l’eau, et prépara à manger pour la malheureuse femme.

De son côté le P. Lacombe lui fit une couche aussi confortable qu’il put auprès du feu, et il défit les lambeaux de fourrures qui enveloppaient ses pieds, espérant qu’il pourrait peut-être encore les réchauffer et les sauver.

Mais il était trop tard. La décomposition était déjà commencée, et l’amputation était inévitable.

Quelle chose lamentable, hélas ! C’était, une femme de vingt ans, et qui paraissait en avoir cinquante, tant la souffrance l’avait accablée !

Quand elle eut mangé un peu, et repris quelque force, le P. Lacombe lui fit raconter son histoire.

— Il n’y avait pas encore deux ans qu’elle était mariée, et elle faisait partie de l’expédition de chasse avec son mari. Mais le misérable avait cessé de l’aimer, et il la maltraitait horriblement.