Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/211

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il trouva Alexis sur pied, de bonne humeur et content de sa nuit. Son brave compagnon n’avait pas fermé l’œil. Il avait entretenu le feu, et transformé le traîneau en une espèce de carriole pour y installer la femme sauvage et son enfant.

Le déjeuner fut bientôt pris, et l’on se mit en route.

Sur un siège confortable, avec dossier de peau, qu’Alexis avait fabriqué pendant sa nuit et fixé sur le traîneau, la malheureuse mère et son enfant furent installés ; et, comme la charge se trouvait très lourde pour les chiens, Alexis leur vint en aide en marchant devant eux, et en tirant de toutes ses forces une longue corde attachée à la carriole. Le P. Lacombe suivait, poussant le traîneau dans les endroits difficiles, et le maintenant en équilibre.

Le voyage fut long et pénible ; mais enfin le missionnaire et son serviteur y apportèrent tant de courage et d’efforts qu’ils rejoignirent le camp des Cris, vers le soir.

Les chefs de l’expédition furent étonnés, et quelque peu honteux quand le prêtre leur montra la malheureuse victime de leur abandon, et leur reprocha leur conduite. Mais ils rejetèrent la faute sur le mari, qui, suivant leurs coutumes, était le maître absolu de sa femme.

Celui-ci fut sans pudeur et paya d’audace :

— Je ne veux plus de cette femme, dit-il au Père, et tu aurais bien mieux fait de la laisser où elle était