Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/210

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foyer éteint ; et elle s’était dit : « c’est ici que je vais mourir ; mais si le Maître de la Vie veut sauver mon enfant il enverra quelqu’un le prendre avant que mon corps ne soit entièrement gelé » !

Et si lointain que soit le ciel, et si grand et si élevé que soit le Très-Haut, il avait aperçu dans un pli de prairie de notre intime planète ces deux êtres misérables ! Il avait entendu le gémissement de cette mère, et il avait envoyé son prêtre, pour les sauver !

Mais qu’allait-on faire maintenant pour les arracher à la mort ? Comment transporter cette femme impotente et son enfant ? Et comment rejoindre avec ce double fardeau le parti des chasseurs qui continuait sa course ?

Le P. Lacombe était perplexe en face de ce problème, et il demanda l’avis d’Alexis.

— Écoutez, Père, dit Alexis. Vous allez vous coucher et dormir tranquille. Moi, je vais entretenir le feu, et organiser pendant la nuit notre course de demain. Laissez-moi faire.

Épuisé de fatigue, le missionnaire se jeta sur son lit de branches, et s’endormit d’un profond sommeil. Une fois seulement, il ouvrit les yeux ; mais il était tellement accablé qu’il ne vit que comme en rêve une femme étendue auprès d’un bon feu, et un sauvage qui travaillait.

Quand il s’éveilla tout à fait, il faisait grand jour, et