Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/214

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alors environ quinze ans qu’il était devenu chrétien, le plus fervent des chrétiens.

Aussi prêchait-il toujours la conciliation, la paix et la confiance mutuelle. Ses discours au gouverneur, en présence des Indiens assemblés, sont très remarquables, et j’en détache avec plaisir quelques phrases : « Je dis ces choses en présence de l’Être Divin. Tout ce qui nous arrive est pour notre bien, et je n’y vois rien qui puisse nous alarmer. J’accepte les offres qu’on nous fait avec joie, et je tiens votre main sur mon cœur en témoignage de mon désir de voir notre union subsister aussi longtemps que cette terre durera et que cette rivière coulera.

« Le Grand Roi, notre Père, a les yeux fixés sur nous en ce jour ; il nous considère tous comme des égaux. Il étend sa miséricorde à toute la terre, et il a ouvert un nouveau monde pour nous. Je plains tous ceux qui n’ont d’autres ressources pour vivre que le buffle…

« Puisse cette terre ne jamais boire le sang des Blancs !… Je remercie Dieu de pouvoir aujourd’hui lever la tête, et voir l’homme blanc et l’homme rouge se tenir ensemble dans la paix aussi longtemps que le soleil les éclairera… »

C’est en février 1860 que le R. P. Lacombe se trouva en rapports avec ce chef illustre des Cris.