Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/218

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Enfin, il prit son rasoir, et, résolument, en priant Dieu de diriger sa main, il pratiqua dans les chairs une incision profonde, atteignit la corde et la coupa.

Un flot de sang et de pus jaillit et le malade poussa un soupir de soulagement. Des murmures d’approbation se firent entendre parmi les sauvages ; et le missionnaire, encouragé par ce premier succès, enleva du mieux qu’il put la plus grande partie des chairs gâtées, et brûla le reste avec un bâton de nitrate d’argent qu’il avait. Puis il enveloppa le bras dans une couche d’onguent composé de saindoux, de camphre et d’un extrait de bourgeons de liard.

Il recommanda au malade la diète et le repos ; et trois fois par jour il renouvelait, le brûlement des tissus gangrénés et la couche d’onguent.

Après quelques jours, le malade était en pleine voie de guérison, et au bout de trois semaines il était tout à fait guéri.

On peut s’imaginer la joie du missionnaire, et avec quelle effusion il remerciait Dieu de lui avoir accordé ce succès. En même temps, il espérait que Foin-de-senteur se rappellerait sa promesse, et il cherchait une occasion propice de l’en faire souvenir.

Quel ne fut pas son bonheur lorsqu’un soir, à l’heure que sa petite cloche appelait à la prière les quelques sauvages qui étaient chrétiens, il vit tout à coup entrer