Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/217

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quand tu auras fait ce que je te demande, je ferai, moi, ce que tu demanderas pour ton Dieu ! »

La situation du missionnaire était terrible. Entreprendre la guérison d’un mal aussi affreux était encourir une responsabilité pleine de périls ; et le pauvre prêtre n’avait ni les instruments, ni les médicaments, ni les connaissances nécessaires.

Mais, d’autre part, s’il refusait d’agir, Foin-de-senteur croirait que c’était mauvaise volonté, et serait moins disposé que jamais à se faire chrétien.

Le P. Lacombe éleva son esprit vers Dieu, et prit la détermination hardie de tenter une opération tout à fait nouvelle pour lui.

— Puisque tu le veux, dit-il à Foin-de-senteur, je vais faire ce que je pourrai. Mais, s’il meurt, ne pense pas mal de moi.

— Non, certes.

— Ton gendre est-il prêt à souffrir ?

— Ne t’inquiète pas de cela. La souffrance ne lui a jamais fait peur.

Le Père Lacombe examina le bras du pauvre malade. La corde de peau qui faisait la ligature était profondément enfoncée dans les chairs et invisible ; et les tissus en putréfaction tombaient en lambeaux. Puis il considéra son propre bras, pour en étudier un peu l’anatomie et bien choisir l’endroit où il pourrait faire une entaille profonde sans toucher aux principales artères.