Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/225

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et quelle grande part il a prise dans la négociation des traités avec le gouvernement du Canada.

Pour lui témoigner sa reconnaissance, et la haute estime qu’il avait conçue pour lui, le gouverneur Morris lui avait fait présent d’un magnifique revolver, que Foin-de-senteur montrait avec orgueil à ses amis.

Un jour qu’il le faisait admirer à son beau-frère, assis dans sa tente, celui-ci manipula le revolver de telle façon qu’il le déchargea presqu’à bout portant dans la figure de notre héros.

La balle avait pénétré jusqu’au cerveau, et il tomba mort.

Ce fut un deuil universel dans toutes les tribus, et parmi les missionnaires qui le regardaient comme un de leurs plus puissants protecteurs.

Le Père Lacombe le pleura comme un frère, et il pleurait encore en me racontant sa fin tragique.

Étrange fatalité qui s’attache à ces races malheureuses, et qui semble les vouer à la destruction. Tout ce que la civilisation leur apporte pour améliorer leur sort semble contribuer à hâter leur décadence, et les armes mêmes qui leur sont données pour se protéger servent souvent à les faire mourir.

Ce sont elles qui pourraient peut-être, en parlant des Blancs, répéter avec vérité la parole des Troyens : « timeo Danaos, et dona ferentes », je crains les Grecs, même quand ils nous apportent des présents !