Aller au contenu

Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— « Levez-vous ! Levez-vous ! criai-je. Il est revenu de la guerre, celui qui n’a pas encore de nom ! Que les orphelins et tous ceux qui n’ont pas de chevaux s’approchent, et je leur donnerai des coursiers —

« Au milieu de l’émoi du camp, j’entonnai le chant de guerre, et tous les guerriers, en croyant à peine leurs yeux, m’entourèrent en poussant des acclamations.

« Un des Vieillards s’approcha, et me dit : mon petit-fils, descends de ton cheval que je t’embrasse !

« Je pris alors le foin d’odeur que j’avais gardé sur ma poitrine, et je l’offris au vieillard en l’embrassant.

— Merci, dit-il, tu es un brave », et s’adressant à la foule il ajouta : Foin-de-senteur sera son nom !

« C’est, alors que je fus élu un des chefs de la nation.

— Et maintenant que tu sais combien j’ai été méchant, est-ce que tu peux encore me baptiser, homme de la Prière ? »

Pour toute réponse, le P. Lacombe, en proie à la plus vive émotion, le serra sur son cœur et l’embrassa.

Quelques jours après, il le baptisa, ainsi que sa femme ; puis il célébra leur mariage. Plus tard, il accompagna le P. Lacombe à Saint-Boniface, et il y fut solennellement confirmé dans la cathédrale, en présence d’une foule de fidèles.

Nous avons dit en commençant ce chapitre quelle influence bienfaisante il a exercé sur les autres Indiens,