Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/229

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cher ainsi à travers l’infini, sous l’œil unique de Dieu, dans la plénitude de leur liberté.

Tout à coup, sur leur droite, au milieu des vapeurs irisées qui dansaient à l’horizon, ils virent flotter des formes blanches. Était-ce les voiles de quelque navire fantastique dans un lac inconnu, ou de grands cygnes blancs nageant dans l’éther les ailes déployées ?

Habitués aux phénomènes du mirage qui grandit, soulève, idéalise les objets, et produit des effets merveilleux, les trois cavaliers eurent bientôt compris qu’il y avait là un campement de plusieurs tentes à la distance de quelques milles.

Mais quel était ce campement ?

— Allons voir, dit le P. Lacombe.

— Oh ! non, dirent les deux Pieds-Noirs. Ce sont probablement des Cris, et nous sommes en guerre avec eux. Ils nous tueraient.

Le missionnaire hésita, et reprit son bréviaire. Soudain, ses regards et son esprit se fixèrent sur les versets suivants du psaume huitième.

« Quid est homo quod memor es ejus ? Et filius hominis quoniam visitas eum ?

« Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui ? Qu’est-ce qu’un enfant des hommes pour que tu daignes le visiter ?

« Minuisti eum paulô minùs ab Angelis ; gloria et honore coronasti eum super opera manuum tuarum.