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Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/230

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« Ah ! c’est parce que tu l’as fait presque l’égal des Anges ! C’est parce que tu l’as couronné de gloire et d’honneur plus que les autres œuvres de tes mains ! »

Ces belles paroles du Prophète-Roi furent pour le missionnaire une illumination.

— Il y a là quelqu’un qui attend la visite du prêtre : il faut y aller.

— Vas-y, si tu veux, Père. Les Cris ne te feront aucun mal, à toi. Mais nous, ils nous tueront.

— Je réponds de votre vie ; et je ferai en sorte qu’on prenne la mienne avant de toucher à la vôtre.

— C’est bien ; allons, dirent les Pieds-Noirs. Et les trois cavaliers, tournant à droite galoppèrent dans la direction des blanches apparitions.

Bientôt ils distinguèrent les tentes, et leurs habitants. C’étaient des Pieds-Noirs, qui venaient de solitudes lointaines, et qui n’avaient jamais vu le prêtre. Mais ils savaient qu’il existait, et ils l’appelaient l’homme divin, Natoya-pikowan.

Ce fut avec de grandes démonstrations de joie et de vénération qu’ils l’accueillirent. Hommes, femmes, enfants l’entourèrent comme un être surnaturel, en montrant le ciel ; et, s’approchant de lui, ils passaient leurs mains sur sa poitrine et ses bras, puis sur leurs propres membres, comme pour lui enlever quelque vertu surnaturelle et se l’approprier — ou comme si