Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/232

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je serais venu te saluer le premier puisque tu es le plus vieux, et malade.

— Oui, je suis bien malade. Mes hivers sont finis, et je m’en vais vers mes Pères. Tu es le premier homme de la prière que je vois, et j’avais peur de mourir sans en avoir jamais vu.

— C’est le Grand Esprit qui m’a envoyé vers toi, parce que tu le lui as demandé. Je passais loin d’ici, et me dirigeais ailleurs, lorsqu’en lisant ce livre de la prière j’ai entendu comme une voix qui me disait : change ta course et va sur ta droite, il y a là quelqu’un qui a besoin de toi. C’est pourquoi je suis venu.

Mais ce n’est pas tout de voir l’homme de Dieu. Il faut maintenant que tu apprennes comment tu peux t’en aller vers le Maître de la Vie. »

Le vieillard soupira profondément : « Ah ! je n’ai pas le temps d’apprendre tout ce qu’il faudrait savoir pour cela.

— Mais oui, cher vieux, tu as le temps. Dieu est bon, et il ne demande pas grand’chose, va. Le désir et la volonté de le connaître suffisent.

— Eh ! bien, tu sais mieux que moi… Fais de moi ce que tu veux.

Alors, le P. Lacombe sortit de la tente et dit à ses compagnons qui étaient montés à cheval et qui l’attendaient : « Vous pouvez descendre, et laisser paître les chevaux ; nous allons coucher ici.