Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/231

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l’homme divin eût été un aimant capable de leur communiquer l’attraction céleste.

Il était près de midi, et ce fut bientôt l’heure de diner. Le buffle ne manquait pas alors, et de grandes tranches rôties à la broche fournirent un des plats les plus succulents du menu.

Le missionnaire mangea avec eux, fuma avec eux le calumet, et leur parla de Dieu et de la vie future.

Les trois voyageurs allaient remonter à cheval pour continuer leur route, lorsqu’un jeune homme s’approcha du P. Lacombe, et lui dit : « Mon vieux père est bien malade, ici, dans cette tente : veux-tu venir le voir ? »

— Sans doute ; pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ? Et le prêtre se dirigea vers la tente que le jeune homme lui indiquait.

En entrant, il aperçut au fond de la tente, étendu par terre, presque nu, un grand vieillard pâle, décharné, livide et les yeux étincelants.

— Je suis bien content de te voir, dit le vieillard ; il y a longtemps que je demande au Maître de la Vie de me faire rencontrer l’homme divin. J’avais appris que tu devais passer dans nos prairies, mais je n’espérais plus beaucoup avoir le bonheur de te voir. Je suis grandement content.

— Eh ! bien, moi aussi, dit le prêtre, je suis heureux de te voir ; et si j’avais su que tu étais dans cette tente