Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/235

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Il voulut savoir ensuite comment le missionnaire avait appris toutes ces choses, et qui l’avait chargé de les enseigner ; et le prêtre lui raconta brièvement l’établissement de l’Église, son expansion dans tout l’univers, l’institution du sacerdoce, et comment il avait reçu le pouvoir de lui pardonner ses péchés, et de lui ouvrir la porte du ciel.

De temps en temps le missionnaire interrompait son récit, pour laisser reposer le malade, ou lui offrir quelque nourriture ; mais le vieillard, avide de l’entendre, disait ; « encore, parle-moi encore de lui. Et quand le Père s’approchait pour arranger la peau de buffle qui lui servait d’oreiller, l’ardent néophyte saisissait le crucifix à la ceinture du missionnaire et lui demandait : « comment le nommes-tu donc ? »

— Jésus ! répondait le missionnaire.

Et l’Indien l’embrassait en disant :

« Jésus ! Jésus ! Je t’ai connu bien tard ; et il me reste bien peu de temps pour t’aimer !

Ces colloques se prolongèrent toute la nuit ; et quand l’aurore parut, l’admirable vieillard connaissait les principales vérités de notre religion, et voulait être baptisé.

Ce n’était pas encore le grand jour qui luisait dans cette âme : c’était l’aurore, avec ses lueurs grandissantes, qui dissipait les nuages, ou les illuminait de ses teintes roses.